Zurich – un coup d’œil du début de l’anabaptisme à nos jours

Article paru dans le calendrier 2008 édité lors de l’Année anabaptiste 2007
Auteur : Hanspeter Jecker

« Anabaptistes » – Pour les uns, c’était de pieux cinglés, pour l’Eglise officielle de dangereux hérétiques, pour les autorités des rebelles. Dans l’Europe entière, ils furent discriminés et persécutés, enfermés et torturés, déshérités et expropriés, renvoyés et exécutés. mais ceci, nulle part aussi longtemps que dans l’Emmental. Pourtant, une minorité les respectait en tant qu’êtres humains, eux qui voulaient être chrétiens de manière conséquente; on les appréciait comme voisins, car on pouvait compter sur eux.

Qui donc étaient ces anabaptistes refusant de participer au culte officiel, de prêter serment et d’aller au service militaire – en payant un si grand prix ?

Les débuts du mouvement anabaptiste remontent au temps de la Réforme au 16ème siècle. Un modèle autre que celui de l’Eglise nationale imposé de force, est envisagé par les anabaptistes ; une Eglise indépendante de l’Etat dont chacun a le libre choix d’en devenir membre. En 1525, d’anciens collaborateurs du réformateur Zwingli commencent à baptiser des adultes et de ce fait, confessent librement leur foi. Environ à la même période, des mouvements similaires débutent également ailleurs en Europe.

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Par leur critique à l’égard d’une alliance malsaine à leurs yeux, entre l’Eglise et l’Etat, les anabaptistes attirent bientôt sur eux la colère des magistrats. Malgré des persécutions qui s’intensifient, le mouvement appelé de plus en plus Mennonite – nommé d’après l’un de leurs conducteurs, le néerlandais Menno Simons (1496-1561) – se répand très vite à travers l’Europe. Une répression systématique pousse l’anabaptisme toujours davantage dans l’isolement, si bien que des conflits internes provoquent en 1693 le schisme amish.

La persécution intensive, en Suisse jusqu’en 1700, a pratiquement éradiqué l’anabaptisme – également à Zurich. Dans l’Emmental seulement, les communautés ont réussi à subsister de façon continue jusqu’à nos jours, malgré la discrimination. Des traces de foi anabaptiste ayant des racines seulement en Suisse s’étendent par l’émigration et la fuite notamment dans le Jura, en Alsace, dans le Palatinat et en Amérique du Nord où des centaines de milliers de descendants de ces émigrés vivent aujourd’hui.

C’est seulement depuis les Lumières et la Révolution française que la pression commence à s’atténuer en Suisse. L’influence du piétisme et des mouvements de Réveil au 18ème et 19ème siècles font aussi croître et refleurir les communautés mennonites. De nouvelles Eglises, apparentées à l’anabaptisme, voient alors le jour depuis les années 1830 et se développent en Suisse : ce sont, à côté des baptistes, notamment les communautés évangéliques néo-baptistes.

Une collaboration entre Eglise nationale et Eglises libres ne fait pas encore partie de la normalité. Petit à petit, la confrontation fait place à la cohabitation et même à une collaboration. Actuellement des « pas de réconciliation » trouvent leurs expressions, par exemple dans la pose de la plaque commémorative, au bord de la Limmat en 2004, là où plusieurs anabaptistes furent noyés au 16ème siècle.

Trad. Annie Scheidegger

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