PARTIR ou RESTER?

Article paru dans le calendrier 2008 édité lors de l’Année anabaptiste 2007
Auteur : Hanspeter Jecker

Etant donné les persécussions subies, en Suisse, des siècles durant par les anabaptistes, une question lanscinante et difficile se posait toujours à nouveau à eux : devons-nous partir librement, abandonner notre patrie et nos amis, avant d’y être contraints, peut-être même brutalement, par les autorités? Devons-nous au contraire rester ici malgré tout, même s’il devait nous en coûter un prix très élevé et même s’il nous est impossible de savoir si nous allons pouvoir endurer cela ou si finalement il nous faudra capituler et renoncer à nos convictions.

Depuis le 16e siècle, des centaines d’anabaptistes, hommes et femmes, jeunes et vieux ont quitté la Suisse. Tous ne l’ont pas fait pour des raisons religieuses ou pour fuir la répression et la persécussion continuelles, mais contraints, comme nombre de leurs contemporains, par la situation économique. Certains furent autorisés à emporter leurs biens, d’autres furent d’abord dépouillés de tout ce qu’ils possédaient. Certains furent simplement conduits à la frontière et expulsés, d’autres embarqués, enchaînés et expédiés via Aar et Rhin, parfois de nuit et par brouillard, souvent même de jour. Il n’était pas rare que des familles entières soient déchirées de cette manière, et souvent, les membres qui restaient ne revoyaient jamais plus leur conjoint, leurs père et mère, leurs fils et leurs filles.

L’histoire des quelque 700 anabaptistes bernois, démunis pour la plupart, qui, par une fin d’année 1671 froide et humide, se mettent en route vers l’inconnu de l’exil est particulièrement saisissante. Des communautés mennonites néerlandais aidèrent les assemblées anabaptistes d’Alsace, et principalement du Kraichgau et du Palatinant à faire face aux secours que celles-ci apportaient aux fugitifs transitant, dans un piteux état, par ces régions. D’importants moyens financiers et logistiques furent mis à disposition pour offrir aux nouveaux-venus un capital départ leur permettant de reconstruire une nouvelle existence.

Tristement célèbre est la déportation de plus de 50 anabaptistes bernois qui, en mars 1710, navigant sur l’Aar puis sur le Rhin, devaient être déportés outre-atlantique. Juste après le passage de la frontière près de Nimègue, jugeant le procédé peu glorieux, les autorités néerlandaises mirent fin à ce transfert et libérèrent les détenus.

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Le 13 juillet 1711, trois nouvelles embarcations chargées à ras bord quittèrent les rives bernoises de la „Schiffländti“. A Wangen, le convoi fut rejoint par une embarcation en provenance de Neuchâtel et ayant à son bord des anabaptistes bernois arrêtés dans l’arrière-pays où ils avaient fui. C’est ainsi que furent déportées près de 350 femmes essentiellement anabaptistes d’origine bernoise qui bénéficièrent cependant d’une récente amnistie obtenue grâce à une médiation néerlandaise.

Nombreux sont les descendants d’exilés anabaptistes bernois à tirer leur origine de ces trois événements…


Trad. : Théo Gerber

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